Une Ombre sur Whitechapel | |
Giant Jack is on my back*
Après Turquoise,
voici un nouveau jeu micro-édité par Neuroludic.
Cette fois-ci, il n'est pas de Patrice
Vernet, mais de deux auteurs de jeux qui montent : Bruno
Cathala et Ludovic Maublanc.
Je vous en avais parlé lors de la sortie du jeu (ici),
et invitais les curieux à ne pas traîner pour passer
leur commande. Et il fallait effectivement faire vite, les 250 exemplairesont
été vendus en moins d'une semaine !
Malgré la rupture, voici tout de même mon avis, car ce
jeu mérite vraiment le détour. Mais je pourrais comprendre
que certaines âmes sensibles ne souhaitent pas aller plus loin
dans la lecture, tant il leur paraîtra insupportable de ne pas
pouvoir se procurer le jeu par la suite ;)
Un des joueurs incarne Jack l'Eventreur, lequel
s'est lui-même glissé dans la peau de l'un des huit personnages
sur le plateau. Bien sûr, il connait l'identité de ce
personnage, et son but est de fuir le quartier au plus tôt,
en toute discrétion.
L'autre joueur incarne un enquêteur indépendant, non
représenté sur le plateau, et tente de deviner sous
quelle identité Jack s'est caché. Mais il n'a le droit
de porter qu'une seule accusation pendant la partie !
A tour de rôle, les joueurs déplacent les personnages,
et leur fait utiliser leurs talents spéciaux, de manière
a les placer soit dans des zones d'ombre, soit dans des zones éclairées.
Lors des appels à témoin (à la fin de chaque
tour de jeu), l'enquêteur peut innocenter les personnages visibles
si Jack n'a pas été vu dans ce tour, ou les personnages
dans l'obscurité si un témoin quelconque l'a aperçu.
* Le titre est issu du premier titre de l'excellent album Monsters in Love de Dionysos.
L'avis de Guillaume
Comme pour Turquoise,
on est impressionné devant le travail accompli. Le graphisme
est très agréable, et quand on sait que c'est un coup
d'essai pour l'illustrateur, on ne peut que le féliciter pour
le rendu final : le jeu est clair et lisible tout en laissant la place
à quelques détails. Bravo !
Au niveau du jeu. Qu'on ne se méprenne pas. Certes, c'est un
jeu de déduction, mais ce n'est pas sa principale caractéristique.
Car pour bien déduire, il faudra bien agir.
Comprendre qu'il faudra bien étudier toutes les possibilités
avant de jouer son coup. Le jeu est donc finalement très tactique,
et l'utilisation des personnages et de leur pouvoir à bon escient
fera toute la différence. Malheureusement ceci impacte forcément
la durée du tour d'un joueur, qui pourra passer plusieurs minutes
à analyser toutes les situations possibles.
Il y a certes du hasard dans la pioche des personnages. Mais c'est
ce qui assure des parties toujours différentes, et ce qui influera
bien entendu sur vos choix.
L'idée de la lumière et de l'obscurité, accentuée
par l'extinction progressive des réverbères, est une
idée innovante bien rendue. D'autant que pour s'échapper,
Jack ne pourra le faire que s'il n'était pas vu lors du tour
précédent. C'est possible, mais cela lui demandera un
peu de chance dans le tirage des cartes personnages. Jouer Jack n'est
d'ailleurs pas chose facile, et les joueurs peuvent jouer deux parties
en inversant les rôles.
Une Ombgre sur Whitechapel est une
petite réussite : un peu de déduction dans un jeu (ça
permet de décrasser les neurones), une règle simple
mais innovante, une présentation réussie et servie par
une fabrication impeccable. Bref, vous l'aurez compris, ce jeu mérite
vraiment de figurer dans toute ludothèque qui se respecte.
Il est simplement regrettable que le tirage soit déjà
expiré, mais on peut espérer que ce relatif succès
encouragera un éditeur à proposer une nouvelle édition
disponible pour tous !
Janvier 2006
Après 5 à 10 parties jouées