Thurn und Taxis | |
Crac Boom Hue !
Dans Thurn und Taxis, les joueurs vont établir
un réseau de poste en implantant des relais dans les principales
villes du sud de l’Allemagne.
A leur tour, les joueurs doivent piocher une carte Ville, jouer une
carte Ville devant eux et veiller à ce qu’elle s’intègre
dans l’enchaînement de cartes déjà jouées.
Puis, ils ont la possibilité de terminer la Route et ainsi
engranger quelques bonus.
Les villes appartiennent chacune à une région. Quand
un joueur termine une Route, il a le choix entre placer un relais
dans une ville de chaque région (parmi les cartes Villes jouées),
ou de placer un relais dans toutes les villes d’une même
région.
Les bonus offerts correspondent à la longueur de la route (minimum
cinq villes pour marquer un bonus), ou la région desservie.
Enfin, à chaque tour le joueur peut faire appel à un
personnage parmi quatre pour l’aider dans une de ses actions
: piocher deux cartes au lieu d’une seule, jouer deux cartes
au lieu d’une seule, renouveler la pioche visible...
En fin de partie, bien sûr, c’est celui qui a marqué
le plus de points (en additionnant les bonus et en soustrayant le
nombre d’agence non placées en jeu) qui gagne.
L'avis de Guillaume
Nous voici directement en présence d’un
jeu à la règle simple. Pour un Hans
im Glück cela semble étonnant, mais c’est selon
cette recette qu’ils ont emporté le Spiel des
Jahres à plusieurs reprises (en 1994 avec Manhattan
d'Andreas Seyfarth justement
ou en 2001 avec Carcassonne). Et c’est d’ailleurs
sans doute pour ça que le jeu fait figure de favori pour le
Spiel 2006.
La règle est simple, certes, mais les choix à faire
en cours de partie sont importants. Mieux vaut d’ailleurs avoir
une petite idée en début de partie des bonus que l’on
voudra marquer pour éviter de se disperser et finir avec un
score inférieur à dix points. Ce côté réflexion
et optimisation des actions est sans aucun doute le point fort du
jeu.
Par rapport au positionnement du jeu par rapport à son public,
le hasard est parfaitement dosé et peut être en partie
maîtrisé grâce à l’aide des personnages.
Mais le jeu souffre selon moi d’un défaut majeur : il
n’y a aucune interaction. Vous pourriez y jouer seul, ou même
à deux sur deux plateaux différents, que ça n’y
changerait rien. Vous aurez toujours le plaisir de réfléchir
à l’optimisation de vos points, mais pour ce qui est
d’échanger quelque chose avec votre / vos adversaire(s),
il faudra repasser. Cela vient notamment du fait qu’il n’y
a pas un nombre limité de places pour des agences dans les
villes (comme on peut le voir dans Funkenschlag
par exemple).
Certains me rétorqueront qu'il peut y en avoir si chacun ne
joue pas dans son coin et surveille ce que fait les autres (en piochant
les cartes utiles à l'adversaire ou en raflant un bonus sous
son nez), mais très franchement, dans ce genre de jeu, on gaspille
rarement ses tours (toujours précieux) pour embêter légèrement
son adversaire alors qu'on pourrait les consacrer à avancer
son développement. Alors que, le succès de Manhattan
et Puerto Rico (tous deux
d’Andreas Seyfarth)
venait en grande partie de l’interaction entre les joueurs,
on se demande si Thurn und Taxis n’est pas
avant tout signé Karen
Seyfarth, son mari s’étant borné à
aménager quelques points de règle et à apposer
son nom sur la règle pour faciliter l’édition
et la vente du jeu.
Là où il y a un hic, enfin selon moi, c’est que
c’est un jeu sans interaction entre les joueurs qui est sur
le point d’obtenir le prix du meilleur jeu de société.
Bref, Thurn und Taxis est un jeu à la règle
simple et aux parties pleines de choix, mais qui ne propose guère
d’interaction entre les joueurs. A ce compte là, pourquoi
ne pas jouer chacun dans son coin à Rush Hour
?
Juin 2006
Après 1 à 5 parties jouées
Merci à Hans im Glück pour m'avoir fait parvenir gratuitement un exemplaire de ce jeu.